12 décembre 2022

Forestera, le cacao au bon goût de finance solidaire

Dans le nord-est du Pérou, le projet Forestera, lancé par l’entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) Amasisa avec l’appui de la finance solidaire, reboise des terres abîmées par l’agriculture conventionnelle en développant une culture du cacao en système agroforestier, respectueuse de l’environnement.

 

« La déforestation au Pérou est un vrai fléau. Dans le nord-est du pays, l’élevage mais aussi la culture du maïs, encouragée par l’envolée des prix sur le marché mondial, accélèrent ce saccage de l’environnement. Les sols sont complètement rincés, les montagnes s’érodent, des vallées entières sont peu à peu transformées en désert biologique. Sans forêt, le cycle des pluies est perturbé, des mini tornades apparaissent… ».

Le constat de Frédéric Lagacherie, Président d’Amasisa, une entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) française, société mère de Forestera, est sans appel. C’est pourquoi, convaincue que le modèle agricole dominant est incompatible avec les grands enjeux socio-environnementaux de notre temps, Amasisa estime qu’il est « désormais fondamental de construire des modèles de production issus de l’agriculture régénératrice pour répondre durablement aux défis alimentaires, climatiques, sociaux et économiques de ce siècle. » Pour cela, l’entreprise solidaire œuvre pour la restauration des sols, le retour d’une biodiversité et une séquestration du carbone optimisée.

 

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Cacaoyers participants à la reforestation au Pérou – Reforestera

 

Mettre en place des productions pérennes

« Pour réintroduire des forêts et sécuriser leur existence, la meilleure façon était de développer la culture du cacao. En effet, cette plante nécessite des arbres d’ombrages et donne du travail à des populations locales très durement touchées par la crise sanitaire et, aujourd’hui encore, par les atteintes à leur environnement » explique Frédéric Lagacherie.

Lancé en 2016, ce projet de développement de la culture du cacao sur des terres abîmées par l’agro-industrie arrive aujourd’hui à maturité. 150 hectares vont rentrer en production et les premières fèves sont actuellement analysées par des experts des arômes afin de qualifier les fèves.

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Cabosses de cacao – Forestera

« Nous produisons un cacao d’exception pour montrer qu’on peut à la fois restaurer les sols et la biodiversité et offrir un produit de qualité. Le coût est plus élevé qu’une plantation traditionnelle, sans réintroduction d’arbres et avec utilisation de produits chimiques. Nous pratiquons également une politique d’emplois, de formation et de sensibilisation juste auprès des communautés locales. Il est donc indispensable que nous puissions nous démarquer. Les tests en cours semblent montrer que nous avons un cacao de très bonne qualité et que nos efforts ont été payants » se félicite le Président d’Amasisa.

 

Une finance solidaire citoyenne

Pour financer les 3 millions d’euros de budget nécessaires à l’activité de reboisement de ces 150 hectares par la culture du cacaoyer, Forestera a fait appel à la finance solidaire, à travers ce qu’elle appelle « la finance citoyenne ». En tant que société ESUS elle a pu tout d’abord bénéficier de fonds issus de l’épargne salariale, via le Fonds pur solidaire (FPS) Finance et Solidarité de Amundi. « L’autre partie de notre financement provient du crowdfunding (financement participatif) par lequel nous faisons entrer des actionnaires privés dans notre projet. Enfin, nous accueillons aussi de petites participations d’acteurs de la chaîne de valeur, comme la chocolaterie artisanale Voisin à Lyon. »

 

Une belle histoire à raconter

Aujourd’hui Frédéric Lagacherie sillonne la France (et même la Belgique) pour présenter ses fèves de cacao aux chocolatiers-féviers, ces artisans qui fabriquent leur propre chocolat à partir des fèves.

« Ces artisans souhaitent à la fois un cacao de qualité mais aussi que les petits producteurs, comme Forestera, puissent les associer à une production de cacao durable et régénératrice. » Avec Forestera, la belle histoire prend la forme verdoyante de terrains aujourd’hui recouverts d’arbres de multiples essences, abritant les cacaoyers ainsi que d’autres fruits et épices. Elle se traduit aussi par le développement de l’entreprise qui emploie désormais 80 personnels locaux (seule une responsable agronome est Française) et 100% de femmes au sein de l’équipe administrative.

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Culture du cacao et agro foresterie au Pérou – Reforestera

 

La commercialisation des fèves de Forestera est prévue pour 2023 en France et viendra couronner l’impact environnemental et social du projet.

 

 

En savoir plus sur Forestera

 

 

Rédacteur : Yann-Patrick Bazire